chaque matin il pleut des coups de poing
sur le paysage ratatiné
des enfants jouent dans les flaques d’eau
sont passibles de voies de fait graves
quand le jour referme ses mâchoires
les sirènes d’ambulance
avalent le chant des oiseaux
je suis un effet secondaire
du temps perdu
chaque matin nos effets personnels
nous quittent
l’un après l’autre
comme les oiseaux s’envolent du fil électrique
à la poursuite du ciel
fuyant novembre
épinglés sur le drap contour
on feint la sieste
pour appâter le punch final
chaque matin souvent je me lève
du côté tranchant de mon lit
et traverse le fou rire des morts
une invitation à m’écrouler
comme une église pleine à craquer
de vieillards amoureux de la même fenêtre
depuis quarante-neuf ans
cinq mois et
onze jours
M.K. Blais, « Chaque matin... », Tabloïd, Le Quartanier, 2015.